Chroniques d’un emballeur impertinent

Les sacs plastiques : le vilain petit canard

Depuis des décennies, le sac plastique a été l'emballage le plus utilisé à travers le monde. Emballage de service, hygiénique, il a contribué au transport et à la conservation des denrées alimentaires à moindre coût.

Son utilisation de masse dès les années 60, a dû d’abord faire face à l’époque à la féroce concurrence du sac papier, bien plus usité alors. Ce qui lui a permis de l’emporter était principalement à cause de son moindre coût, de son plus faible encombrement et surtout de sa plus grande résistance. Notamment, car il a encore bien d’autres avantages en termes d’impact environnemental à la production par exemple.
Actuellement, il est toujours irremplaçable pour les sacs poubelles, ou aucune alternative n’existe de manière crédible en résistance.
Il ne faut surtout pas oublier un des arguments massue présenté à l’époque pour inciter les consommateurs à changer leurs habitudes pour passer au plastique : « Le papier est plus polluant à la production, il consomme énormément d’eau, et les arbres ne suffiront bientôt plus pour répondre à la demande…. »

C’est fascinant cette manière qu’à l’histoire à se répéter…. On applique la même formule maintenant, en changeant le produit.
Pour appuyer la vérité aujourd’hui, le choc des images, des médias et des réseaux sociaux, viennent pour parachever le travail de sape des gouvernements qui se font influencer par les lobyistes.
Ces mêmes lobyistes qui 50 ans plus tôt, travaillait au corps la grande distribution naissante, pour passer au tout plastique. Surfant sur les pénuries à venir, afin de pérenniser leur toute puissance, quel qu’en soient les conséquences environnementales.

Qui n’a pas vu les milliers d’images des arbres à sacs plastiques, des mers congestionnées de débris plastiques (peux sont des sacs d’ailleurs par rapport au reste) ?
On argumente maintenant que c’est le pétrole qui vient à manquer…Comme les arbres dans les années 60.
Il est vrai que le pétrole n’est pas inépuisable, et certainement pas sans impact environnemental, mais peut-on affirmer qu’il en va autrement pour le papier ou pour les emballages végétaux ?

Actuellement, les gouvernements interdisent les sacs plastiques partout, et cela devient un argument de popularité. Les ministres en font leur leitmotiv, leur marque de fabrique. Ils ont sincèrement l’impression d’œuvrer pour la bonne cause et de se transformer en Don quichotte. Ils marqueront d’une pierre blanche, cette décision courageuse et elle viendra pour certain, couronner une carrière faite de décisions scabreuses et souvent sans lendemain. Ici, ils en sont certains, c’est LA décision qui va les consacrer comme César auprès du bon peuple de brebis que nous sommes.


Aujourd’hui ce sont les sacs biodégradables qui ont la côte, et les sacs réutilisables dans certaines conditions. La tendance va même au « plus rien du tout », au « take it alone », au « home made packaging ».
Le monde semble plus beau, plus juste, plus serein tandis que le sac plastique sombre dans l’oubli de la mémoire collective.
Je partagerais cet enthousiasme, si la nouvelle conscience collective avait pour but d’utiliser mieux et de manière plus rationnelle les emballages alimentaires. Si nos politiciens appliquaient des réglementations logiques et compréhensibles aux yeux des consommateurs et des professionnels obligés à utiliser des emballages pour le bien être des utilisateurs (hygiène, sécurité par exemple).

Mais hélas, le monde est ainsi fait, que nos politiciens ne sont que des brebis manipulées par les lobyistes, qui eux, arrêtent leurs conseils là ou fini leurs intérêts.
Ainsi, les considérations de stockage, de coût énergétique, de gestion des ressources forrestières, sont noyées dans des paravents ronflants qui laissent à entendre au quidam, que tout va vien dans le meilleur des mondes.
Gestion responsable des forêts, production bio des ressources végétales, sont les nouveaux cache misère qui vont laisser penser à l’opinion publique qu’enfin on a trouvé la panacée universelle.

Pendant 50 ans mesdames et messieurs, on a fait n’importe quoi, mais maintenant c’est promis, vous pouvez continuer à jeter vos détritus, les poissons vous disent merci et les écureuils vous saluent bien.
Alors chères lectrices, chers lecteurs, tandis que vous me lisez en vous demandant quels intérêts je défends, le sac plastique s’éteint de nos mémoires et se range dans les méandres de notre hypocrisie collective.
Renier une erreur n’est pas un crime, au contraire, et j’applaudirais à deux mains ce mea acculpa collectif si j’étais convaincu que les solutions présentées aujourd’hui étaient de nature à changer les choses.

Mais hélas, mon expérience de l’emballage, de toutes les techniques de production, de distribution, des techniques de vente des grandes enseignes, des lobyistes, et des politiques, m’empêche de partager cet enthousiasme si fièrement affiché.

Je regarde le sac plastique comme le pauvre et vilain petit canard, que tout le monde rejette. Mais je crains qu’à l’avenir si rien ne change profondément dans notre éducation de consommateur, on ne regrette avec nostalgie d’avoir perdu l’occasion de le contempler devenir ce cygne noir merveilleux qu’il était destiné à être.
Alors vous direz que j’exagère, certes, mais ce que je veux vous démontrer, c’est que la laideur de ce monde ne peut être reportée sur les épaules du sac plastique. Il a certes des défauts. A commencer par avoir été surutilisé et surtout pas recyclé comme il le peut. Mais soyez assuré que de vous vendre encore plus cher des sacs papiers, des sacs biodégradables et réutilisables, n’a qu’un seul et unique réel but…..vous plumer encore plus, en vous faisant croire que c’est pour votre bien et celui de vos enfants…

Juste une petite suggestion …

Mettez sur une balance, un sac de course léger en plastique et pesez-le.

Maintenant remplissez le de commissions et voyez combien de kg vous pouviez transporter.

Ensuite, videz le contenu et pesez les emballages alimentaires en plastique qu’il contient. Comparez maintenant le résultat …

Alors, maintenant dites-moi, quel est le pourcentage de plastique utilisé pour le transport et pour l’emballage de vos denrées ?

Où est donc la priorité en matière de déchets ? Le contenant ou le contenu ?

Et enfin réfléchissez à ceci : Pourquoi est ont revenu au sac papier ?

Par écologie ? Je viens de vous démontrer au départ de mon texte que c’est par soucis d’écologie que les lobbyistes ont argumentés l’arrêt du sac papier.
Par soucis de préservation du pétrole ? La production de papier est un énorme consommateur d’énergie calorifique et donc de pétrole notamment, sans compter le transport routier/maritime du bois.
La vraie raison du retour en grâce du papier, est la tendance globale du retour au source …

Du naturel à tout va. C’est évidemment fondé pour beaucoup de chose. Seulement voilà, comme toute tendance, il y a des intérêts financiers en jeux. Alors comme cela représente un coup à supporter par les distributeurs, il est préférable pour eux de vous convaincre d’agir pour la planète en payant vos emballages, ils ont trouvé le moyen infaillible pour transformer un coût en profit.
Ils vous vendent de la bonne conscience…. Avant c’était gratuit, mais avec l’évolution, on fait des miracles.

Alors chers lecteurs, lectrices, ou l’inverse par galanterie ; pensez à ceci à l’heure où vous choisirez un emballage pour transporter vos denrées alimentaires : Quel est selon vous la meilleure façon d’agir pour l’environnement ?
De croire que le plastique était une invention diabolique et qu’en le boycottant vous allez sauver la planète ?
De croire que le sac papier naturel va sauver les dauphins (tant pis pour les écureuils) ?

De se dire que le sac biodégradable en matière organique est l’invention qui relègue l’invention de la roue au rang de bricolage sans lendemain ?

Pour ma part, permettez-moi de me ranger parmi les sceptiques. Je préfère garder mon esprit critique et me dire que la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. La preuve en est avec le comeback du papier.

En réalité, chers lecteurs, il n’existe pas d’emballages miraculeux. Même Disney ne l’a pas inventé ce monde ou le sac serait « zéro dommage colatéral »
Par contre il existe plein d’emballages pratiques s’ils sont intelligemment utilisés. Hygiéniques, résistants, pratiques, voir amusants.
Qu’ils soient en papier, en plastique, en végétal, en bois ou en côte de maille, ce qui fait sa qualité principale mesdames et messieurs, c’est votre usage !

Alors l’interdiction des sacs plastiques pose une véritable question urgente :

En interdisant cet emballage, va-t-on réellement vers une amélioration de la gestion de nos déchets ?

Permettez-moi d’en douter. Tant qu’on aura pas pris nos responsabilités en tant que consommateur et citoyen respectueux de notre cadre de vie, on n’ira nulle part.


Et surtout ne comptez pas sur les politiques pour changer cela, car ils ne nous mettront jamais en cause…. Nous sommes trop précieux à leurs yeux pour nous faire porter le chapeau.
C’est plus facile et plus rentable de faire porter le chapeau à un produit, plutôt qu’à un comportement. Car si on peut changer un produit par un autre, on peut plus difficilement changer les gens…..
Enfin, ne jetons pas trop de tort tout de même sur les enseignes de la grande distribution. Elles ont leur part de pain blanc également. L’offre d’emballage n’a jamais été aussi étoffée qu’aujourd’hui et surtout elles ne font qu’appliquer les réglementations en vigueur.
Finalement le vilain petit canard, est-il bien celui qu’on croit ?

A méditer !

 
Mathieu Defour