Chroniques d’un emballeur impertinent

Iles de déchets plastiques : La faute à quoi ou la faute à qui?

Le plastique est pointé du doigt pour la pollution aquatique, et personne ne niera cette évidence.

Les dégâts occasionnés sur la faune maritime sont désastreux et actuellement, personne ne sait comment traiter les zones polluées. En attendant, ne faudrait-il pas commencer par se demander comment ne pas accroître le problème ? D’aucuns diront qu’il faut tout simplement supprimer le plastique. Je vois cela sous un autre angle, et je vous pose une question à titre de comparaison : Doit-on supprimer les antibiotiques, sous prétexte qu’ils sont mal et trop utilisés ? N’est-ce pas plutôt l’usage qui est la cause, plus que le produit ? En écrivant ces mots, j’entends déjà les hurlements de protestations, qui déferleront à mes oreilles. Beaucoup me rétorqueront que j’utilise les mêmes arguments que la NRA (National Rifle Association) et ses défenseurs les plus assidus. Ceux-là même qui prétendent que ce sont les usagers qui tuent et pas les armes. Sauf que les armes à feux ont été conçues pour tuer. Elles ont ensuite été banalisées et détournées de leur fonction première, en les rendant ludiques pour en vendre plus. Le sac plastique n’a jamais eu pour vocation de finir ses jours dans l’estomac d’un jeune phoque.

C’est notre indifférence individualiste et la pauvreté de beaucoup qui tuent la faune. Pas le plastique. 

Ceux qui veulent définitivement bannir le sac plastique, ont-ils conscience que les conséquences environnementales réelles seront bien différentes que ce qu’ils espèrent ?

Faudra-t-il déforester et augmenter la consommation d’ OGM pour sauver la faune marine ?

Choquant – Exagéré – déplacé ? Pas tant que ça. Car derrière cette apparente provocation rhétorique, se cache une triste vérité pratique. En effet, les normes environnementales européennes, visent à réduire l’usage du plastique. C’est une chose censée. Sauf que les pays membres, dépassent les normes et visent l’interdiction pure et simple d’ici 2025-2030 au plus tard. Le plastique ayant maintenant mauvaise presse, il est facile pour les gouvernements de le fustiger et d’en faire un leurre environnemental. C’est l’arbre qui cache la forêt, ou plutôt, la sardine qui cache la baleine.
Conséquence 1 : – Il faudra remplacer le plastique par du papier, et des sacs biodégradables en plastique végétal. Donc, du bois et des féculents (pdt-maïs-riz-tapioca…..)
Conséquence 2 : – Il faudra déforester plus pour compenser le plastique, et augmenter les surfaces arables pour planter des aliments (à bas prix, donc OGM) destinés à la production de sacs jetables.
Conséquence 3 : – Moins de surfaces agricoles pour le bétail et les pays en voie de développement, moins de forêts pour fixer le CO2 et une démographie toujours galopante. On va droit dans le mur Faut-il dès lors supprimer tous les emballages jetables, quels qu’ils soient ? Encore une fois, c’est exagéré. Car il est impensable d’imposer à des pays émergents d’utiliser des emballages réutilisables nettement plus coûteux, qui tôt ou tard deviendront également un déchet. Qui dit réutilisable, même naturel, ne dit pas non polluant, que du contraire. Le coton premier prix par exemple, est sans doute l’emballage réutilisable le plus polluant qui existe. Puis, pour des raisons d’hygiène, tous les emballages ne sont pas destinés à être réutilisable.

Et l’hygiène alimentaire ne fera que d’aller vers plus de sévérité, au profit de la santé publique. L’emballage contribue largement à diminuer les conservateurs chimiques présents dans nos aliments, ne l’oublions pas ! Disons que comme pour beaucoup de choses, il faut consommer avec modération.

Modération, voilà un mot qui manque cruellement dans les décisions « anti plastiques ».
À force de diaboliser le produit, tout le monde finit par croire qu’il suffit de le supprimer pour régler tous les maux du monde. Je vous prédis une rapide désillusion.

Revenons à la question qui est dans le titre : à qui (ou à quoi) revient la faute environnementale ?
Il faut continuer d’éduquer nos enfants à respecter notre nature, contraindre les actes d’incivismes et mettre en place des filiales de collectes des déchets plastiques. Cela créera des emplois productifs, contribuera à promouvoir le recyclage qui est totalement sous développé et permettra d’épargner nos forêts pour le plus grand bonheur de nos promenades dominicales.

En effet, contrairement aux idées reçues et vendues, on peut faire plein de choses avec nos déchets plastiques quotidiens.
Des exemples ? Banc public – palette plastique – tube et gaine pour chantier – sac poubelle – films protection pour chantier de construction – composants pour industrie aéronautique et automobile – fûts – container – ordinateurs – téléphones – meubles de jardin….. Des milliers de possibilités à moindre coût. Certains le savent, peux osent le dire à haute voix.

Pour que la terre reste la planète bleue, il faudra plus que des lois qui fustigent un produit. Il faudra de la bonne volonté et du bon sens.
Le bon sens, n’est pas la seule affaire de nos politiciens, c’est notre affaire à tous.

 
Mathieu Defour